La promesse de l'aube- Romain Gary- COMMENTAIRES de la LC
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La promesse de l'aube- Romain Gary- COMMENTAIRES de la LC
-4eme couverture de l'éditeur-«- Tu seras un héros, tu seras général, Gabriele D'Annunzio, Ambassadeur de France - tous ces voyous ne savent pas qui tu es !Je crois que jamais un fils n'a haï sa mère autant que moi, à ce moment-là. Mais, alors que j'essayais de lui expliquer dans un murmure rageur qu'elle me compromettait irrémédiablement aux yeux de l'Armée de l'Air, et que je faisais un nouvel effort pour la pousser derrière le taxi, son visage prit une expression désemparée, ses lèvres se mirent à trembler, et j'entendis une fois de plus la formule intolérable, devenue depuis longtemps classique dans nos rapports : - Alors, tu as honte de ta vieille mère ?»
Je l'ai commencé cet après midi et j'ai du mal à me réfréner :-)
Roman Gary, échoué sur une plage de Big Sur, a passé 40 ans et se souvient. Son enfance, l'amour inconditionnel de cette mère dévorante d'affection et emplie de fierté pour ce fils dont elle se convainc de sa carrière future, forcément éblouissante.
Leur relation très fusionnelle est à la fois merveilleuse et dévorante. On sent bien que le jeune Gary, dévasté par la honte et le ressentiment quand il découvre les sacrifices de sa mère, est très tôt conscient du rôle qu'il doit jouer pour compenser les espoirs restés vains. Son rêve de grande actrice rattrapé par la réalité d'un exil solitaire, les ventes de porte à porte ou les petites magouilles de chapeaux afin d' assurer le bifteck quotidien dont elle se contente de manger les restes.
Il y a des passages très drôles, lorsqu'ils cherchent par quel moyen devenir célèbre. La mise en garde contre les dangers de la littérature en est un ("Ca commence par un bouton") ou l'épisode des cours de violon sont à mourir de rire. Mais Romain même s'il veut bien faire, est davantage fasciné par les formes voluptueuses de Mariette, la bonne sur laquelle il fantasme en cours de maths.
Surprotégé par le portrait que lui fait sa mère de cette France mythique, à l'abri de la réalité, il va grandir en se croyant invincible. Ce qui en fait sa force et son extrême faiblesse. L'épisode de sa première grande honte à huit ans, et son refuge au milieu des rondins de bois est révélateur. Sauvé par un chat!
J'en suis au chapitre VIII ( après la présentation de Mr Piekenly qui habite au no 16 de sa rue, à Wilno ) et je me régale!!
Aeriale- Messages : 11894
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: La promesse de l'aube- Romain Gary- COMMENTAIRES de la LC
Merci, Aeriale, pour tes premières impressions. Je suis bien plus lente dans ma lecture.
Tout d’abord, j’ai été intriguée par les noms du couple à qui est dédicacé le livre de Roman Gary, René et Sylvia Agid. René Agid est un ami confident de Romain Gary depuis le lycée à Nice (voir : http://tinyurl.com/gtsvph5).
Ensuite, les premières phrases m’ont intriguée. Le narrateur apparemment aussi l’auteur, se trouve allongé seul sur une plage de Big Sur (c’est en Californie, à environ 200 km au sud de San Francisco, merci google) et en pensées passe sa vie en revue. Pourquoi faire le point ce jour-là ? Midlife crisis ?
Ensuite cette scène avec sa mère à la mobilisation, « a jiddische mame » et son fils unique, omme tu l’as si bien dit Aeriale, « leur relation très fusionnelle est à la fois merveilleuse et dévorante ».
Mais encore que viennent faire trois démons à ce moment du récit ? Totoche, le dieu de la bêtise, Merzevka, le dieu des vérités absolues, et Filoche, le dieu de la petitesse, des préjugés, du mépris, de la haine. Quels jolis mythes enfantins qui vont devenir livre de foi pour le narrateur. Une trinité comme les trois mousquetaires ou les Pieds Nickelés (Croquignol, Filochard et Ribouldingue, tiens Filoche / Filochard la mère connaissait-elle les trois filous ?), mais une trinité de méchants que l’enfant devra reconnaître pour pouvoir en triompher. Avec l’aide de qui ? Sa mère, pardi.
(je continue ma lecture)
Tout d’abord, j’ai été intriguée par les noms du couple à qui est dédicacé le livre de Roman Gary, René et Sylvia Agid. René Agid est un ami confident de Romain Gary depuis le lycée à Nice (voir : http://tinyurl.com/gtsvph5).
Ensuite, les premières phrases m’ont intriguée. Le narrateur apparemment aussi l’auteur, se trouve allongé seul sur une plage de Big Sur (c’est en Californie, à environ 200 km au sud de San Francisco, merci google) et en pensées passe sa vie en revue. Pourquoi faire le point ce jour-là ? Midlife crisis ?
Ensuite cette scène avec sa mère à la mobilisation, « a jiddische mame » et son fils unique, omme tu l’as si bien dit Aeriale, « leur relation très fusionnelle est à la fois merveilleuse et dévorante ».
Mais encore que viennent faire trois démons à ce moment du récit ? Totoche, le dieu de la bêtise, Merzevka, le dieu des vérités absolues, et Filoche, le dieu de la petitesse, des préjugés, du mépris, de la haine. Quels jolis mythes enfantins qui vont devenir livre de foi pour le narrateur. Une trinité comme les trois mousquetaires ou les Pieds Nickelés (Croquignol, Filochard et Ribouldingue, tiens Filoche / Filochard la mère connaissait-elle les trois filous ?), mais une trinité de méchants que l’enfant devra reconnaître pour pouvoir en triompher. Avec l’aide de qui ? Sa mère, pardi.
(je continue ma lecture)
Babur- Messages : 192
Date d'inscription : 06/12/2016
Age : 77
Localisation : Dans une cave où y a du bon vin…
Re: La promesse de l'aube- Romain Gary- COMMENTAIRES de la LC
Babur a écrit:Tout d’abord, j’ai été intriguée par les noms du couple à qui est dédicacé le livre de Roman Gary, René et Sylvia Agid. René Agid est un ami confident de Romain Gary depuis le lycée à Nice
Moi aussi Babur ils m'ont fortement intriguée car ce nom Agid est celui de personnes affiliées à notre famille (Le frère de René Agid , Roger, était le premier mari de la soeur de ma tante par alliance) Et effectivement dirigeait un hotel à Nice. J'ai vérifié sur wiki, c'est bien le même
- Spoiler:
- Ses amis de l'époque sont comme lui étrangers ou issus de familles d'origine étrangère : François Bondy (1915-2003) ; Alexandre Kardo Sissoe ; Sigurd Norberg; René et Roger Agid, dont les parents dirigent plusieurs grands hôtels de Nice (et un à Royat, Puy-de-Dôme), principalement L'Hermitage à Cimiez; à ce titre, ils connaissent directement la mère de Romain.
Bien sûr je retrouve beaucoup de noms de rue, de lieux, et d'établissements connus de ma ville. Et pour moi cela augmente encore plus l'intérêt de ce roman!
Babur a écrit:Ensuite, les premières phrases m’ont intriguée. Le narrateur apparemment aussi l’auteur, se trouve allongé seul sur une plage de Big Sur (c’est en Californie, à environ 200 km au sud de San Francisco, merci google) et en pensées passe sa vie en revue. Pourquoi faire le point ce jour-là ? Midlife crisis ?
J'imagine que l'on va apprendre un peu plus sur sa situation à ce moment là, à Big Sur. Mais je comprends mieux le titre, La promesse faite très jeune à sa mère, de devenir quelqu'un de célèbre et d'avoir une destinée à la hauteur de ses attentes!
"Tu seras un héros, tu seras général. Gabriel d'Annunzio, Ambassadeur de France-"
J'en suis au chapitre XIV. Entre temps les affaires s'arrangent pour sa mère, on a droit à des récits tous aussi drôles qu'improbables sur son éducation qui passe du baise main au cours de maintien, sans oublier les danses de salon, mais l'épisode des ébats dans le grenier n'est pas non plus piqué des vers. Bref, on se demande ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas, mais je vous attends pour en parler...
Aeriale- Messages : 11894
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: La promesse de l'aube- Romain Gary- COMMENTAIRES de la LC
De mon côté, j'en suis au moment où, après avoir forcé le destin sur son commerce de chapeaux, la mère de Romain devient véritablement riche. (p 66 environ)
Concernant le titre du roman, j'avais compris pour ma part que c'était en référence à ce qu'écrit Romain Gary pp 38/39 : La promesse de l'aube comme promesse d'amour possible incarné par sa mère.
Concernant le titre du roman, j'avais compris pour ma part que c'était en référence à ce qu'écrit Romain Gary pp 38/39 : La promesse de l'aube comme promesse d'amour possible incarné par sa mère.
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“Il n’y a point de génie sans un grain de folie.” Aristote
Luciole- Messages : 1046
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 49
Localisation : France - Pays de la Loire
Re: La promesse de l'aube- Romain Gary- COMMENTAIRES de la LC
Je viens de passer tout le passage sur son éducation durant le commerce de sa mère (avec les professeurs, l'acteur etc...)
Particulièrement touchée par cette phrase d'ailleurs : "Professeur d'élocution, professeur de maintien (...) professeur d'escrime, de tir, d'équitation, de gymnastique, de... Un père aurait fait beaucoup mieux l'affaire"
L'évocation du père et son manque à ce moment est particulièrement frappante je trouve...sûrement parce qu'il n'est que très peu évoqué le reste du temps...
Le passage sur l'inceste aussi m'a frappé, Romain Gary qui se justifie presque en colère en affirmant ne jamais être tombé amoureux de sa mère.
Je me demande si le reproche lui a déjà été fait pour qu'il fasse une telle mise au point en dehors de l'histoire...
Je commence le chapitre XII aujourd'hui, la manière dont il parle de son premier amour dans le chapitre précèdent m'a arraché pas mal de sourire pour être honnête !
Particulièrement touchée par cette phrase d'ailleurs : "Professeur d'élocution, professeur de maintien (...) professeur d'escrime, de tir, d'équitation, de gymnastique, de... Un père aurait fait beaucoup mieux l'affaire"
L'évocation du père et son manque à ce moment est particulièrement frappante je trouve...sûrement parce qu'il n'est que très peu évoqué le reste du temps...
Le passage sur l'inceste aussi m'a frappé, Romain Gary qui se justifie presque en colère en affirmant ne jamais être tombé amoureux de sa mère.
Je me demande si le reproche lui a déjà été fait pour qu'il fasse une telle mise au point en dehors de l'histoire...
Je commence le chapitre XII aujourd'hui, la manière dont il parle de son premier amour dans le chapitre précèdent m'a arraché pas mal de sourire pour être honnête !
DidouGreen- Messages : 15
Date d'inscription : 08/02/2017
Age : 29
Localisation : Récemment domicilié dans le Sud
Re: La promesse de l'aube- Romain Gary- COMMENTAIRES de la LC
Oui DidouGreen, l'absence du père évoquée dans la phrase que tu cites m'a touchée et marquée aussi.
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Luciole- Messages : 1046
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 49
Localisation : France - Pays de la Loire
Re: La promesse de l'aube- Romain Gary- COMMENTAIRES de la LC
Je vous lis.
C'est intéressant.
je sais ce que le titre veut dire !
Et contente de lire que tu (@DidouGreen) sens le personnage écrivain ambiguë dans ses prises de positions, j'ai ressenti la même chose en lisant un de ses livres. J'en grinçais des dents.
C'est intéressant.
je sais ce que le titre veut dire !
Et contente de lire que tu (@DidouGreen) sens le personnage écrivain ambiguë dans ses prises de positions, j'ai ressenti la même chose en lisant un de ses livres. J'en grinçais des dents.
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Et, du monde indistinct des rêves, là où se terrent les secrets mystiques, une réponse surgit.
Queenie- Messages : 7141
Date d'inscription : 29/11/2016
Localisation : Stable.
Re: La promesse de l'aube- Romain Gary- COMMENTAIRES de la LC
J'en suis au chapitre où on lui offre une bicyclette (qui est le mystérieux donateur ? le père je présume).
Le ton est toujours assez alerte et plutôt amusant, et effectivement je suis un peu surprise par les clarifications de l'auteur sur l'inceste, j'ai envie de dire qu'on ne lui demandait rien.
Comme je n'en suis qu'au 1/5 du livre, je ne peux encore me prononcer sur la suite, disons que c'est une lecture agréable mais je ne peux m'empêcher d'attendre un tournant, car pour l'instant ça se résume à une relation mère-fils très fusionnelle avec des micro événements qui viennent ponctuer le récit où l'on voit l'enfant grandir au milieu de combines savamment orchestrées par sa mère désireuse de lui fournir une éducation tout ce qu'il y a de mieux, avec moult professeurs (là c'est très drôle en effet, cette flopée d'éducateurs et instructeurs qui se succèdent, on aurait eu ça, on serait des petits génies, j'ose espérer)
Le ton est toujours assez alerte et plutôt amusant, et effectivement je suis un peu surprise par les clarifications de l'auteur sur l'inceste, j'ai envie de dire qu'on ne lui demandait rien.
Comme je n'en suis qu'au 1/5 du livre, je ne peux encore me prononcer sur la suite, disons que c'est une lecture agréable mais je ne peux m'empêcher d'attendre un tournant, car pour l'instant ça se résume à une relation mère-fils très fusionnelle avec des micro événements qui viennent ponctuer le récit où l'on voit l'enfant grandir au milieu de combines savamment orchestrées par sa mère désireuse de lui fournir une éducation tout ce qu'il y a de mieux, avec moult professeurs (là c'est très drôle en effet, cette flopée d'éducateurs et instructeurs qui se succèdent, on aurait eu ça, on serait des petits génies, j'ose espérer)
darkanny- Messages : 826
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: La promesse de l'aube- Romain Gary- COMMENTAIRES de la LC
Si ça suffisait, tous les enfants de riches seraient des "petits génies", ce qui est loin d'être le cas… Disons que ça peut permettre d'utiliser au mieux ses capacités : dans l'idéal, il faudrait pouvoir donner une pareille éducation à tous les enfants.darkanny a écrit:le récit où l'on voit l'enfant grandir au milieu de combines savamment orchestrées par sa mère désireuse de lui fournir une éducation tout ce qu'il y a de mieux, avec moult professeurs (là c'est très drôle en effet, cette flopée d'éducateurs et instructeurs qui se succèdent, on aurait eu ça, on serait des petits génies, j'ose espérer)
Moune- Messages : 611
Date d'inscription : 16/12/2016
Re: La promesse de l'aube- Romain Gary- COMMENTAIRES de la LC
Ah ben non j'aurais pas voulu avoir une telle éducation, étouffante, qui passe d'un sujet à l'autre dès que l'enfant montre ses limites, je parle de ce qui est écrit dans le livre bien sûr.
darkanny- Messages : 826
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: La promesse de l'aube- Romain Gary- COMMENTAIRES de la LC
@darkanny Bien entendu ! Je parlais des gens en général (parce que l'expression "petit génie" m'avait fait réagir). Ici, c'est pathologique. Malheureusement, c'est relativement répandu le cas des parents qui veulent se réaliser à travers leur enfant (combien de cas chez les sportifs de haut niveau également…)
Moune- Messages : 611
Date d'inscription : 16/12/2016
Re: La promesse de l'aube- Romain Gary- COMMENTAIRES de la LC
Pour en revenir au roman propre. (Excuse Moune mais c'était le sujet)
D'accord avec vous, cette mise au point au sujet de l'inceste m'a surprise, mais son rapport maternel est si fusionnel qu'il est possible qu'il ait pu avoir des accusations plus ou moins formulées à ce sujet. Les psy de tous bords en prennent d'ailleurs pour leur compte. C'est cinglant, mais dit avec humour, il faut reconnaître.
Je suis le parcours de l'auteur et cette obligation implicite d'être toujours à la hauteur. Il se rend bien compte que sorti du cocon hyper protecteur de sa mère, la vie n'est pas si aisée. Son premier coup de foudre pour Valentine (où, "au comble de la frénésie érotique, il mange une semelle" :-) lui fait surtout connaître la rivalité. Rien n'est acquis ni définitivement conservé, et Romain doit faire preuve de courage ( épisode de la margelle)
L'épisode où il voir son père venu les aider financièrement alors qu'ils ont dû mal à joindre les deux bouts, est assez cruel et émouvant. ( "J'avais l'impression de lui avoir jour un mauvais tour")
Ensuite on a droit à des passages savoureux où la grandeur de la France est mise en avant par sa mère qu'il compare à De Gaulle. ( A l'appel du 18 juin il répond aux deux!) Puis vient sa maladie, son séjour à Alassio et l'effondrement consécutif de la maison de couture de Wilno.
La deuxième partie commence à son arrivée à Nice.
Je reviendrai en parler mais dans tout ce qu'il raconte, on a parfois du mal à cerner le vrai du faux, il doit certainement exagérer, peut être inventer. Mais son talent de conteur est bien là. C'est un savant mélange de possible affabulateur (peut être dû à ce besoin de merveilleux dans lequel il a grandi? ) d'homme fier, déterminé à rendre justice à sa mère, largement ponctué par une lucidité et un humour qui replacent tout à niveau. (De "grande basse tragique incomprise", il se retrouve champion de ping pong à la place ) Il a surtout une conscience poussée à l'extrême de ce qu'il est, de la vacuité de ses tentatives et des faiblesses de l'homme en général. Un jongleur qui n'arrive pas à la dernière balle. "Elle n'existe pas".
Je lui trouve une extrême brillance, tout de même. Et je suis fan de son humour :-)
D'accord avec vous, cette mise au point au sujet de l'inceste m'a surprise, mais son rapport maternel est si fusionnel qu'il est possible qu'il ait pu avoir des accusations plus ou moins formulées à ce sujet. Les psy de tous bords en prennent d'ailleurs pour leur compte. C'est cinglant, mais dit avec humour, il faut reconnaître.
Je suis le parcours de l'auteur et cette obligation implicite d'être toujours à la hauteur. Il se rend bien compte que sorti du cocon hyper protecteur de sa mère, la vie n'est pas si aisée. Son premier coup de foudre pour Valentine (où, "au comble de la frénésie érotique, il mange une semelle" :-) lui fait surtout connaître la rivalité. Rien n'est acquis ni définitivement conservé, et Romain doit faire preuve de courage ( épisode de la margelle)
L'épisode où il voir son père venu les aider financièrement alors qu'ils ont dû mal à joindre les deux bouts, est assez cruel et émouvant. ( "J'avais l'impression de lui avoir jour un mauvais tour")
Ensuite on a droit à des passages savoureux où la grandeur de la France est mise en avant par sa mère qu'il compare à De Gaulle. ( A l'appel du 18 juin il répond aux deux!) Puis vient sa maladie, son séjour à Alassio et l'effondrement consécutif de la maison de couture de Wilno.
La deuxième partie commence à son arrivée à Nice.
Je reviendrai en parler mais dans tout ce qu'il raconte, on a parfois du mal à cerner le vrai du faux, il doit certainement exagérer, peut être inventer. Mais son talent de conteur est bien là. C'est un savant mélange de possible affabulateur (peut être dû à ce besoin de merveilleux dans lequel il a grandi? ) d'homme fier, déterminé à rendre justice à sa mère, largement ponctué par une lucidité et un humour qui replacent tout à niveau. (De "grande basse tragique incomprise", il se retrouve champion de ping pong à la place ) Il a surtout une conscience poussée à l'extrême de ce qu'il est, de la vacuité de ses tentatives et des faiblesses de l'homme en général. Un jongleur qui n'arrive pas à la dernière balle. "Elle n'existe pas".
Je lui trouve une extrême brillance, tout de même. Et je suis fan de son humour :-)
Aeriale- Messages : 11894
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: La promesse de l'aube- Romain Gary- COMMENTAIRES de la LC
Je ne l'imaginais tellement pas drôle Gary, je suis très très intriguée !
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Et, du monde indistinct des rêves, là où se terrent les secrets mystiques, une réponse surgit.
Queenie- Messages : 7141
Date d'inscription : 29/11/2016
Localisation : Stable.
Re: La promesse de l'aube- Romain Gary- COMMENTAIRES de la LC
Ce qui m’a frappée au début, c’est la tendresse du fils pour sa mère que je trouvais plutôt admirable. Il faut bien admettre qu’elle déploie des trésors d’ingéniosité pour rester à flots malgré une situation financière souvent critique et n’est jamais à cours d’imagination lorsqu’il s’agit de prévoir le destin grandiose auquel son fils est appelé.
Mais très vite je n’ai plus du tout trouvé attendrissant cette mère qui met la pression sur son fils dès son plus jeune âge et qui du coup le culpabilise (inconsciemment sûrement) de ne pas être à la hauteur. Sa mère a décidé pour lui de sa vie entière, c’est de l’amour qui étouffe la personnalité de son fils (certaines activités –la peinture par exemple- lui sont d’emblée interdites car elles ne correspondent pas à ce qu’elle a prévu pour lui, pour des raisons pas toujours très logiques) au lieu de l’aider à la développer.
Ce qui ressort souvent aussi, malgré tout l’amour qu’il lui porte, c’est la honte qu’il éprouve devant les éclats de sa mère en public. Elle le met souvent dans des situations qui le mortifient, des scènes publiques d’où il aurait aimé pouvoir s’échapper.
Elle le met souvent dans des situations difficiles comme lorsqu’elle le pousse à jouer un match de tennis pour le faire entrer dans un club alors qu’il a à peine touché à une raquette auparavant. Mais le pire reste cette exigence de réussite, un fardeau bien lourd pour ses jeunes épaules
Elle ne lui permet pas de faire ses propres choix en fonction de ses aspirations ou de ses dons, c’est très égoïste, elle cherche à se réaliser à travers son fils et il n’y a rien de vraiment remarquable dans tout cela malgré ce qu’en pense le jeune Romain qui forcément est conditionné.
C’est très répétitif, parfois en lisant une phrase ou un passage, j’ai l’impression de l’avoir déjà lu. Je ne sais pas si ce tournant dont tu parles vient à un moment (j’en suis au début de la deuxième partie) mais pour l’instant c’est toujours un peu la même chose, les mêmes situations, dans des lieux différents peut-être mais quand même et c’est assez lassant. Je comprends bien que c’est le sujet du livre mais c’est tout simplement trop.
Heureusement que l’humour et la dérision sauvent un peu les meubles. Il y a beaucoup de passages où l’on sourit franchement (personnellement j’adore la façon dont la mère lui a appris à lever les yeux pour que l’on remarque leur jolie couleur).
Je continue, c’est tout de même intéressant de voir le cheminement de cet homme entièrement façonné par sa mère sans qu’il puisse échapper à la voie toute tracée par elle, sans son accord en quelque sorte.
Mais très vite je n’ai plus du tout trouvé attendrissant cette mère qui met la pression sur son fils dès son plus jeune âge et qui du coup le culpabilise (inconsciemment sûrement) de ne pas être à la hauteur. Sa mère a décidé pour lui de sa vie entière, c’est de l’amour qui étouffe la personnalité de son fils (certaines activités –la peinture par exemple- lui sont d’emblée interdites car elles ne correspondent pas à ce qu’elle a prévu pour lui, pour des raisons pas toujours très logiques) au lieu de l’aider à la développer.
Ce qui ressort souvent aussi, malgré tout l’amour qu’il lui porte, c’est la honte qu’il éprouve devant les éclats de sa mère en public. Elle le met souvent dans des situations qui le mortifient, des scènes publiques d’où il aurait aimé pouvoir s’échapper.
« J’avais beau n’avoir que huit ans, mon sens du ridicule était très développé – et ma mère y était pour quelque chose, naturellement. »
Elle le met souvent dans des situations difficiles comme lorsqu’elle le pousse à jouer un match de tennis pour le faire entrer dans un club alors qu’il a à peine touché à une raquette auparavant. Mais le pire reste cette exigence de réussite, un fardeau bien lourd pour ses jeunes épaules
« mon fils a l’intention de s’établir, étudier, devenir un homme » - mais là, je suis sûr que l’expression dépassait sa pensée et qu’elle ne se rendait pas entièrement compte de ce qu’elle exigeait ainsi de moi. »
Elle ne lui permet pas de faire ses propres choix en fonction de ses aspirations ou de ses dons, c’est très égoïste, elle cherche à se réaliser à travers son fils et il n’y a rien de vraiment remarquable dans tout cela malgré ce qu’en pense le jeune Romain qui forcément est conditionné.
darkanny a écrit:c'est une lecture agréable mais je ne peux m'empêcher d'attendre un tournant, car pour l'instant ça se résume à une relation mère-fils très fusionnelle avec des micro événements qui viennent ponctuer le récit
C’est très répétitif, parfois en lisant une phrase ou un passage, j’ai l’impression de l’avoir déjà lu. Je ne sais pas si ce tournant dont tu parles vient à un moment (j’en suis au début de la deuxième partie) mais pour l’instant c’est toujours un peu la même chose, les mêmes situations, dans des lieux différents peut-être mais quand même et c’est assez lassant. Je comprends bien que c’est le sujet du livre mais c’est tout simplement trop.
Heureusement que l’humour et la dérision sauvent un peu les meubles. Il y a beaucoup de passages où l’on sourit franchement (personnellement j’adore la façon dont la mère lui a appris à lever les yeux pour que l’on remarque leur jolie couleur).
Je continue, c’est tout de même intéressant de voir le cheminement de cet homme entièrement façonné par sa mère sans qu’il puisse échapper à la voie toute tracée par elle, sans son accord en quelque sorte.
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Epi- Messages : 1943
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: La promesse de l'aube- Romain Gary- COMMENTAIRES de la LC
C'est intéressant de vous lire.
Je partage avec vous : [Je 'suis' dans la deuxième partie]
- l'humour de Romain Gary que j'aime beaucoup;
- l'impression qu'il faudrait un "tournant" au livre;
- le fait que sa mère le met très souvent mal à l'aise tout en me demandant si on peut lui en vouloir car je ne suis pas certaine qu'elle en ait eu conscience.
J'aime cette lecture où il y a des réflexions philosophiques sur l'existence même de tout un chacun. (L'épisode de la dernière balle, je l'apprécie beaucoup).
Je partage avec vous : [Je 'suis' dans la deuxième partie]
- l'humour de Romain Gary que j'aime beaucoup;
- l'impression qu'il faudrait un "tournant" au livre;
- le fait que sa mère le met très souvent mal à l'aise tout en me demandant si on peut lui en vouloir car je ne suis pas certaine qu'elle en ait eu conscience.
J'aime cette lecture où il y a des réflexions philosophiques sur l'existence même de tout un chacun. (L'épisode de la dernière balle, je l'apprécie beaucoup).
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Luciole- Messages : 1046
Date d'inscription : 04/12/2016
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