László Krasznahorkai
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Books en Stock :: Hey Billie Y'a quoi dans ta bibliothèque ? :: Littérature russe, d'Europe Centrale et Orientale
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Re: László Krasznahorkai
Bonne lecture @Aeriale.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4827
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: László Krasznahorkai
Ca me tente bien aussi !
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"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux" Jules Renard
Liseron- Messages : 4314
Date d'inscription : 02/01/2017
Localisation : Toulouse
Re: László Krasznahorkai
Merci @Arabella!
Je l'emporte avec moi cette semaine au ski, je mettrai ici mes impressions :-)
(Je traverse une période de flemmingite plus ou moins aigüe pour les commentaires habituels... Ca va peut -être revenir?)
Je l'emporte avec moi cette semaine au ski, je mettrai ici mes impressions :-)
(Je traverse une période de flemmingite plus ou moins aigüe pour les commentaires habituels... Ca va peut -être revenir?)
Aeriale- Messages : 11968
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: László Krasznahorkai
oh, je l'espère, en tout cas, j'adore lire tes commentairesAeriale a écrit:(Je traverse une période de flemmingite plus ou moins aigüe pour les commentaires habituels... Ca va peut -être revenir?)
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George Gershwin
Re: László Krasznahorkai
Oh, tu es trop mimi, toi
Mais en ce moment, je manque vraiment d'inspiration...??
Mais en ce moment, je manque vraiment d'inspiration...??
Aeriale- Messages : 11968
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: László Krasznahorkai
faut pas non plus se forcer
mais je viens de lire ton commentaire pour Thomas Mann... je voudrais bien voir ce que cela donne quand tu as de l'inspiration
mais je viens de lire ton commentaire pour Thomas Mann... je voudrais bien voir ce que cela donne quand tu as de l'inspiration
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Re: László Krasznahorkai
-Sous le coup de la grâce-
Quel univers détonant! Impressionnée d'entrée par la puissance du verbe. Des phrases qui s'enroulent sur elles mêmes, qui tiennent captif le lecteur pour mieux l'enferrer et ne pas le lâcher. Et puis cet humour un peu désespéré, signe d'une d'angoisse sous-jacente, décalée, surprenante.
Dès la première nouvelle Le dernier bateau, on est dans le bain. Des fugitifs (l'auteur les compare à des rats) sortis des bas fonds ou d'on ne sait où, tentent d'échapper à leur sort et s'agglutinent devant un vieux rafiot plus ou moins encadrés par des agents de l'EVA (?) en espérant une éventuelle libération. Peu de précisions, si ce n'est le nom du pays qu'ils quittent, la Hongrie, à la toute fin. Glaçant et comique à la fois, j'accroche direct.
L' impression se confirme nettement dans la seconde, Hermann le garde chasse, avec ce personnage presque christique, digne d'un film de Herzog, soudain rattrapé par les remords d'une humanité entière, qui retourne sa vengeance contre les hommes. On a affaire à quelque chose de l'ordre du divin, ou plutôt diabolique.
La suite est de plus en plus angoissante, tortueuse. On ne sait pas où l'on va, ni les personnages, on avance à l'aveugle, en terrain miné, en se méfiant de tout, de quelque chose que l'on a du mal à identifier comme une puissance qui rôde autour mais quoi? Des personnages hagards, traqués, qui fuient un danger ou une menace. Parfois on ressent comme une rébellion mais elle est étouffée dans l' oeuf.
C'est vraiment spécial, et à partir de la 4eme, Rozi la piégeuse, l'humour décalé et bienfaiteur laisse la place à une angoisse de plus en plus profonde. Un homme s'amuse à suivre un inconnu, qui lui -même suit un autre, qui lui est conscient d'être filé par le premier. ils se retrouvent tous au restaurant de Rozi qui elle paraît les connaître, refermant sur eux le piège de ces hommes coincés dans un univers clos où tout chemin parait ne guider qu'à un enfermement.
Dans certaines telles Chaleur, on plonge carrément dans un monde apocalyptique où un fonctionnaire et sa femme, sous le coup d'un imminent renversement de régime, sont contraints de quitter leur douillet logement pour se terrer dans un immeuble à l’abandon, cachés de tous. Un type plus que louche fait irruption chez eux. Terrible.
La fin du métier, qui signe la fin du roman est un bel écho à Hermann le garde chasse, une vision différente, mais arrivée à ce stade, j'avoue avoir peiné avant sur Fuir Bogdanovich et sauté la suivante (Le sélectionneur de fréquences) J'avais besoin de respiration, c'était trop de torpeur et le souffle salvateur qu'apportait l'humour des premiers récits m'a soudain manqué.
...
En résumé un auteur qui demande beaucoup de la part du lecteur. Il faut être concentré, se fondre dans le mental de l'auteur, s'imaginer un moment prisonnier de cet univers déterminé où ne reste que la pensée pour tout échappatoire, tous ses personnages se trouvant nettement le jouet du destin, manipulés par des forces supérieures, sans en comprendre les raisons ou le but. Et c'est cela qui dérange le plus le narrateur, semble t'il. Cette impossibilité de maitriser les rouages, n'être qu'un pion voué à accepter sans jamais les intégrer.
Pour ceux qui n'ont connu que des démocraties, cette angoisse est sans doute moins évidente à déceler, à analyser. Et même si je saisis l'ensemble de ses thèmes, le recul qu'amène le côté décalé et jouissif des premières m'a semblé faire défaut dans les suivantes. D'autant que ses phrases, si superbes soient elles, sont d'une longueur incroyable (A tel point qu'il m'a fallu en relire certaines 3 fois pour bien les capter ;-)
Une sacrée lecture en tout cas, de celles impossibles à oublier. Je suis bien contente de l'avoir abordé, mais il faudrait que j'y revienne, certains points restant obscurs. Comme le note @Arabella dans son très bon commentaire, l'important est les questions qu'il soulève, et la réflexion qui reste ouverte longtemps après avoir refermé le livre.
Etourdissant!
Quel univers détonant! Impressionnée d'entrée par la puissance du verbe. Des phrases qui s'enroulent sur elles mêmes, qui tiennent captif le lecteur pour mieux l'enferrer et ne pas le lâcher. Et puis cet humour un peu désespéré, signe d'une d'angoisse sous-jacente, décalée, surprenante.
Dès la première nouvelle Le dernier bateau, on est dans le bain. Des fugitifs (l'auteur les compare à des rats) sortis des bas fonds ou d'on ne sait où, tentent d'échapper à leur sort et s'agglutinent devant un vieux rafiot plus ou moins encadrés par des agents de l'EVA (?) en espérant une éventuelle libération. Peu de précisions, si ce n'est le nom du pays qu'ils quittent, la Hongrie, à la toute fin. Glaçant et comique à la fois, j'accroche direct.
Nous grelottions, bougeons, dans la bise cinglante, et comprenant qu'un examen plus poussé du bateau risquait de transformer notre indignation initiale en une colère hasardeuse, à l'issue plus qu'incertaine, nous nous mîmes- au lieu d'agir- à invectiver notre misérable embarcation dans des termes beaucoup plus sarcastiques, de quoi lui assurer une certaine protection et nous procurer un sentiment-auquel se mêlait une joie réelle bien qu 'inoffensive- de délivrance.
L' impression se confirme nettement dans la seconde, Hermann le garde chasse, avec ce personnage presque christique, digne d'un film de Herzog, soudain rattrapé par les remords d'une humanité entière, qui retourne sa vengeance contre les hommes. On a affaire à quelque chose de l'ordre du divin, ou plutôt diabolique.
Loin de se dire que seules sa faiblesse et son indolence l'avaient entraîné vers ce point nodal de son existence ou, qui sait, le terrible tourment de découvrir – peut-être à cause de son inquiétude accrue – que tout ce que la vie a de sain et de beau se brisait, se broyait constamment au creux de ses mains, il soupçonna plutôt l'existence d'un Dieu hostile ou indifférent qui se contentait de donner forme à ce qu'a d'inexorable et d'irrémédiable le monde tel qu'il s'engendre lui-même, de sorte qu'il ne s'effraya pas de suffoquer tôt ou tard sous le poids de la culpabilité, des remords ou de la douleur virulente de l'épouvante, voire, à force de geindre, lamentable, de se sentir si coupable, car ce qu'il avait fait ne pouvait se défaire – sans parler de l'échec annoncé de toute résistance, puisque nul ne peut vaincre l'incompréhensible
La suite est de plus en plus angoissante, tortueuse. On ne sait pas où l'on va, ni les personnages, on avance à l'aveugle, en terrain miné, en se méfiant de tout, de quelque chose que l'on a du mal à identifier comme une puissance qui rôde autour mais quoi? Des personnages hagards, traqués, qui fuient un danger ou une menace. Parfois on ressent comme une rébellion mais elle est étouffée dans l' oeuf.
Sans doute avais-je déjà croisé un quidam pareil – loden élimé, cheveux rarescents plaqués en arrière, chaussures basses éculées – mais mon penchant naturel à la docilité raisonnable, ou si lente à mûrir en moi, l’inclination naturelle qui m’avait permis de faire mienne, fût-ce par simples bribes, un peu de la désarmante sagesse des Directives Centrales, m’en avaient toujours prémuni jusqu’alors ; et voilà qu’incapable de le quitter des yeux, les pieds comme cloués au sol, je vis la portière se fermer puis le train s’ébranler à une vitesse inexorable, avant de disparaître dans le tumultueux et mystérieux labyrinthe des rails qui le conduisaient à la capitale. Sur le moment, je ne parvins ni d’ailleurs ne cherchai à comprendre ce qui m’avait interloqué dans ce regard dangereux (sa douceur insolente ? son attention tenace ? son manque terrifiant de soumission ?), car la peur panique s’empara presque aussitôt de moi à l’idée de la gravité des risques encourus pour avoir raté le train de sept heures zéro deux…
C'est vraiment spécial, et à partir de la 4eme, Rozi la piégeuse, l'humour décalé et bienfaiteur laisse la place à une angoisse de plus en plus profonde. Un homme s'amuse à suivre un inconnu, qui lui -même suit un autre, qui lui est conscient d'être filé par le premier. ils se retrouvent tous au restaurant de Rozi qui elle paraît les connaître, refermant sur eux le piège de ces hommes coincés dans un univers clos où tout chemin parait ne guider qu'à un enfermement.
La mère Rozi, l'ivrognesse qui assurait le service, sortit la tête, curieuse, par le passe plat de la cuisine renfumée et, longuement, examina les trois hôtes: ses yeux bigles étincelaient, sataniques, de pure joie maligne.
Dans certaines telles Chaleur, on plonge carrément dans un monde apocalyptique où un fonctionnaire et sa femme, sous le coup d'un imminent renversement de régime, sont contraints de quitter leur douillet logement pour se terrer dans un immeuble à l’abandon, cachés de tous. Un type plus que louche fait irruption chez eux. Terrible.
La fin du métier, qui signe la fin du roman est un bel écho à Hermann le garde chasse, une vision différente, mais arrivée à ce stade, j'avoue avoir peiné avant sur Fuir Bogdanovich et sauté la suivante (Le sélectionneur de fréquences) J'avais besoin de respiration, c'était trop de torpeur et le souffle salvateur qu'apportait l'humour des premiers récits m'a soudain manqué.
...
En résumé un auteur qui demande beaucoup de la part du lecteur. Il faut être concentré, se fondre dans le mental de l'auteur, s'imaginer un moment prisonnier de cet univers déterminé où ne reste que la pensée pour tout échappatoire, tous ses personnages se trouvant nettement le jouet du destin, manipulés par des forces supérieures, sans en comprendre les raisons ou le but. Et c'est cela qui dérange le plus le narrateur, semble t'il. Cette impossibilité de maitriser les rouages, n'être qu'un pion voué à accepter sans jamais les intégrer.
Pour ceux qui n'ont connu que des démocraties, cette angoisse est sans doute moins évidente à déceler, à analyser. Et même si je saisis l'ensemble de ses thèmes, le recul qu'amène le côté décalé et jouissif des premières m'a semblé faire défaut dans les suivantes. D'autant que ses phrases, si superbes soient elles, sont d'une longueur incroyable (A tel point qu'il m'a fallu en relire certaines 3 fois pour bien les capter ;-)
Une sacrée lecture en tout cas, de celles impossibles à oublier. Je suis bien contente de l'avoir abordé, mais il faudrait que j'y revienne, certains points restant obscurs. Comme le note @Arabella dans son très bon commentaire, l'important est les questions qu'il soulève, et la réflexion qui reste ouverte longtemps après avoir refermé le livre.
Etourdissant!
Aeriale- Messages : 11968
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: László Krasznahorkai
Merci pour ce beau commentaire, on voit que ce livre t'a remuée. C'est vrai que c'est un auteur qui demande un effort, mais je trouve qu'il en vaut la peine.
Peut être un peu plus léger, Au nord par une montagne, au sud par un lac, à l'ouest par les chemins, à l'est par un cours d'eau
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Arabella- Messages : 4827
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: László Krasznahorkai
C'est vrai, il m'a laissé une très forte impression, et c'est finalement ce que l'on recherche le plus lorsqu'on découvre une lecture. Merci encore @Arabella, certain que je n'aurais pas trouvé cet auteur sans avoir lu tes impressions avant!Arabella a écrit:Merci pour ce beau commentaire, on voit que ce livre t'a remuée. C'est vrai que c'est un auteur qui demande un effort, mais je trouve qu'il en vaut la peine.
Peut être un peu plus léger, Au nord par une montagne, au sud par un lac, à l'ouest par les chemins, à l'est par un cours d'eau
Je note Au nord par une montagne...
Aeriale- Messages : 11968
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: László Krasznahorkai
Je vais essayer d'aller l'écouter lors de son passage à Toulouse et vais lire d'ici là un ou deux de ses livres, merci pour ces conseils !
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Liseron- Messages : 4314
Date d'inscription : 02/01/2017
Localisation : Toulouse
Re: László Krasznahorkai
Non, je n'ajouterai pas cet auteur à ma PAL
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Lire nuit gravement à la bêtise !
Nightingale- Messages : 2831
Date d'inscription : 09/12/2017
Age : 56
Localisation : Sur le bord de la marge
Re: László Krasznahorkai
Dommage, un auteur qui accroche vraiment! Je n'ai plus trouvé d'autres livres de lui à la bibli. J'attends qu' Arabella nous parle de son dernier :-)
(Et dire que je le rate de peu, à Paris. Grrr...)
Aeriale- Messages : 11968
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: László Krasznahorkai
Très envie d'assister à cette rencontre. Et je peux te prêter des livres, tu passes bientôt à Paris...
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4827
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: László Krasznahorkai
Ah oui, je veux bien si tu peux m'en prêter un! C'est gentil Arabella
Aeriale- Messages : 11968
Date d'inscription : 30/11/2016
Re: László Krasznahorkai
Mais si !Nightingale a écrit:Non, je n'ajouterai pas cet auteur à ma PAL
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Liseron- Messages : 4314
Date d'inscription : 02/01/2017
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