Marie NDiaye

Je rejoint Aériale sur Mon coeur à l'étroit. C'est un roman emprunt d'étrangeté et de poésie qui m'avait beaucoup plu. Maintenant, il faudrait que j'en lise d'autres d'elle.

comme certains d'entre vous le savent, mon amie travaille à la radio 100,7
Marie NDiaye était au Luxembourg il y a quelques jours et mon amie l'a rencontrée
vous pouvez réécouter l'interview ici cliquer sur lauschteren = écouter

Aeriale a écrit:-La sorcière-

si la version graphique vous intéresse


c'est par Benoît Guillaume

Oh génial!!! Son univers mi réel/ mi fantastique peut très bien rendre en BD!

J'irai zieuter chez "Bédéfugue", mon libraire BD favori

(Kena, si un jour tu viens par ici, je t'y emmène. Tu vas aimer :-)

Aeriale a écrit:Oh génial!!! Son univers mi réel/ mi fantastique peut très bien rendre en BD!

tout à fait

Aeriale a écrit:(Kena, si un jour tu viens par ici, je t'y emmène. Tu vas aimer :-)

huhu... très dangereux... je vais t'accompagner, mais sans ma carte VISA

Encore une belle rencontre avec un personnage magnifique, une femme forte et à la fois si fragile...Après sa mort, le portrait de la Cheffe est esquissé par l'un de ses assistants, beaucoup plus jeune qu"elle, qui l'a aimée passionnément  et qui, malgré son amour, se verra obligé de la "trahir". A cette lecture, j'ai repensé au très beau personnage d'Emerence, dans la Porte de Magda Szabo.
Une fois passée l'enfance de la Cheffe, le lecteur est plongé dans les coulisses, ou plutôt les cuisines, des maisons bourgeoises ou des restaurants dans lesquels la Cheffe a officié : sa personnalité, sa générosité et son humanité vont alors se révéler pleinement au travers de sa passion pour la cuisine et de ses recherches culinaires. Si elle cherche avant tout à atteindre la perfection, ce n'est pas pour gagner des étoiles mais pour exprimer totalement son désir de simplicité, de vérité, bannissant toutes fioritures ou hypocrisie dans ses plats... dont certains nous mettent l'eau à la bouche !
L'écriture de Marie Ndiaye, tout en circonvolutions, est magnifique (mais ne plaira peut-être pas à certains), avec ses longues phrases et ses retours en arrière incessants qui enjoignent le lecteur à se laisser porter : il découvrira alors toute une  galerie de personnages, qu'elle parvient si bien à faire vivre sous sa plume : de petits bijoux de portraits, tout en finesse. Et les rapports qui se tissent entre eux sont aussi remarquablement décrits par l'auteur, comme ceux de la Cheffe avec ses parents ou avec sa fille...Bouleversant !
Avec ce portrait d'une femme courageuse, généreuse et autodidacte, le lecteur est heureux d'avoir fait la connaissance d'une si belle personne !

Oh trop contente qu'elle ait fait une adepte de plus!

Cette auteure est une des plus douées de sa génération, en France. Lisez la

-La vengeance m'appartient-



Maître Susane, avocate d'une quarantaine d'années, végète un peu dans son cabinet à Bordeaux. Venue d'un milieu simple, sa vie est des plus banales. Solitaire et peu coquette, elle a vécu un moment avec un confrère, Rudy, mais a préféré le quitter et garder le meilleur de leur relation: Quelques diners en tête a tête et les visites régulières de la fille qu'il a eue d'un mariage aujourd'hui dissout. Me Susane a pris à son service, davantage dans le but de l'aider financièrement, une jeune mauricienne sans papiers dont elle défend la demande de  naturalisation. Mais celle ci ne l'aide pas vraiment, elle  parait même rétive et fuyante malgré l'extrême gentillesse dont fait preuve sa patronne. Besoin de se faire aimer? d'effacer sa position sociale ou simplement de faire le bien?

Un jour débarque à son cabinet un dénommé Gilles Principaux qui, malgré le peu de brillance de l'avocate, l'a choisie pour un lourd dossier. L'infanticide commis par son épouse Marlyne qui a noyé leurs trois enfants. Le trouble est d'autant plus fort qu'elle croit reconnaître l'adolescent qui, trente ans plus tôt, a bouleversé sa vie  en l'invitant dans sa chambre et dont elle garde "un souvenir éblouissant". Sans doute le seul.

Fantasme, réalité? Tout le récit navigue  entre ces deux pôles, entre ce que dit ou pense Me Susane, ce qu'elle croit reconnaitre ou pas. Principaux a t'il abusé d'elle ou non? Son père le pense (croit-on) aussi a t'elle choisi de rompre avec lui pour ne pas salir son image, cet "enkystement de pure joie" qu'a représentée la fameuse rencontre. De nombreuses questions se chevauchent ainsi. Les personnages sont froids, presque désincarnés, comme à l'habitude chez l'auteure, mais ici les idées qu'ils représentent restent très floues Tout est fuyant, les souvenirs, les pensées, on est projeté dans l' esprit de l'héroïne, et plus on avance plus on patauge dans ce délire mémoriel au point de perdre pied. Que veut démontrer l'auteure?

J'avoue qu'après un début prenant, cette opacité quasi impénétrable m'a déroutée et surtout lassée.  Quant aux confessions de Principaux et de sa femme, gorgées de "mais "et de "car" supposés donner du rythme, comme une litanie, c'était trop: j'ai lâché l'affaire. Marie N'Diaye a voulu aborder plusieurs thèmes (celui de l'oppression, la soumission,  consentie ou pas, le trouble qu'elle engendre? le clivage social, les liens qui nous rattachent au passé et les circonvolutions de la mémoire? ) Mais vraiment c'est cette fois trop hermétique pour moi. Je ne sais pas quelle analyse on peut en tirer et j'aimerais bien y voir clair, mais tout ce bavardage est bien confus. Moi qui adore être embarquée et constamment surprise par les atmosphères qu'elle crée d'ordinaire, ici ça a fait flop. Dommage, mon premier loupé avec elle

Merci pour ton commentaire  @Aeriale, je ne vais pas le tenter celui-là, je préfère rester avec le beau souvenir de La Cheffe mémoire.