Marie-Hélène Lafon
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Re: Marie-Hélène Lafon
kenavo a écrit:je suis certaine que tu vas aimer
Moi aussi.
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4791
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Marie-Hélène Lafon
Les sources
A peine 118 pages, divisés en trois parties d’inégale longueurs avec à chaque fois un personnage qui parle, à trois moments différents. Une femme, puis 7 ans après son mari, et enfin 54 ans après, maintenant, leur fille clôt l’histoire.
Le Cantal, le monde paysan en train de disparaître, décrit d’une manière quasi ethnographique, sont là, comme dans presque tous les livres de l’auteure. Mais dans ce dernier opus, elle évoque une autre thématique. Nous comprenons très vite que la femme qui parle au début du roman est battue, maltraité, humiliée. Elle commence à avoir peur que son mari ne s’en prenne maintenant aussi aux enfants, il y a ce constat terrible à un moment : « Elle ne pouvait rien pour les enfants ». Tout cela avec le regard acéré, le verbe précis, sans un gramme de trop, de Marie-Hélène Lafon. Pas de détails sensationnels, pas de voyeurisme, de la pudeur, du respect pour la victime. Mais les mécanismes sont mis à nu, la culpabilité,le désir de cacher, de ne pas perdre la face, alors que probablement beaucoup de gens savent, en faisant semblant de ne pas être au courant. Le contexte social aussi, le regard porté par la communauté, la peur de sortir du rang, d’être mise au ban, de ne plus avoir une place honorable.
Nous avons ensuite, d’une manière plus rapide, la version, le point de vue du mari. Sa vision de la vie, où il y a ceux qui ont la force, et les faibles, qu’il méprise. Un mariage mal assorti dans lequel personne ne trouve son compte, conclu un peu par hasard, mais en principe pour la vie. Essayer de passer à autre chose, est une sorte d’impensé.
Enfin, plus de cinquante ans après, la fille aînée vient définitivement tourner la page, où plus exactement entériner que tout est fini, aussi bien l’histoire familiale, qu’une page d’histoire, une façon de vivre.
C’est un livre assez dur, décrivant une réalité violente, de différentes manières. D’une manière magistrale, même si j’ai trouvé que cela allait peut-être un peu trop vite, surtout dans la dernière partie. Il y a beaucoup de choses que l’on ne sait pas sur les personnages, et j’aurais voulu avoir des éléments supplémentaires. Marie-Hélène Lafon nous laisse imaginer, on peut s’inspirer des autres livres qu’elle a écrit, mais j’ai ressenti une petite frustration. Peut-être que j’aurais voulu rester un peu plus dans son univers, portée par cette écriture que je trouve splendide dans son économie,et dans son pouvoir d’évocation. Il ne me reste plus qu’à patienter jusqu’au prochain livre….
A peine 118 pages, divisés en trois parties d’inégale longueurs avec à chaque fois un personnage qui parle, à trois moments différents. Une femme, puis 7 ans après son mari, et enfin 54 ans après, maintenant, leur fille clôt l’histoire.
Le Cantal, le monde paysan en train de disparaître, décrit d’une manière quasi ethnographique, sont là, comme dans presque tous les livres de l’auteure. Mais dans ce dernier opus, elle évoque une autre thématique. Nous comprenons très vite que la femme qui parle au début du roman est battue, maltraité, humiliée. Elle commence à avoir peur que son mari ne s’en prenne maintenant aussi aux enfants, il y a ce constat terrible à un moment : « Elle ne pouvait rien pour les enfants ». Tout cela avec le regard acéré, le verbe précis, sans un gramme de trop, de Marie-Hélène Lafon. Pas de détails sensationnels, pas de voyeurisme, de la pudeur, du respect pour la victime. Mais les mécanismes sont mis à nu, la culpabilité,le désir de cacher, de ne pas perdre la face, alors que probablement beaucoup de gens savent, en faisant semblant de ne pas être au courant. Le contexte social aussi, le regard porté par la communauté, la peur de sortir du rang, d’être mise au ban, de ne plus avoir une place honorable.
Nous avons ensuite, d’une manière plus rapide, la version, le point de vue du mari. Sa vision de la vie, où il y a ceux qui ont la force, et les faibles, qu’il méprise. Un mariage mal assorti dans lequel personne ne trouve son compte, conclu un peu par hasard, mais en principe pour la vie. Essayer de passer à autre chose, est une sorte d’impensé.
Enfin, plus de cinquante ans après, la fille aînée vient définitivement tourner la page, où plus exactement entériner que tout est fini, aussi bien l’histoire familiale, qu’une page d’histoire, une façon de vivre.
C’est un livre assez dur, décrivant une réalité violente, de différentes manières. D’une manière magistrale, même si j’ai trouvé que cela allait peut-être un peu trop vite, surtout dans la dernière partie. Il y a beaucoup de choses que l’on ne sait pas sur les personnages, et j’aurais voulu avoir des éléments supplémentaires. Marie-Hélène Lafon nous laisse imaginer, on peut s’inspirer des autres livres qu’elle a écrit, mais j’ai ressenti une petite frustration. Peut-être que j’aurais voulu rester un peu plus dans son univers, portée par cette écriture que je trouve splendide dans son économie,et dans son pouvoir d’évocation. Il ne me reste plus qu’à patienter jusqu’au prochain livre….
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Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer. (Oscar Wilde)
Arabella- Messages : 4791
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Marie-Hélène Lafon
Les Sources
Un texte indispensable qui décrit sans pathos les violences faites aux femmes, des violences faites à une femme.
Retour aux sources, retour à l’enfance ?
Au commencement du roman, une femme se livre, se raconte : le mariage raté, malgré une certaine aisance financière et trois enfants bienvenus, les coups qui commencent à pleuvoir, la fatigue, la vie isolée dans cette ferme perdue du Cantal, l’éloignement progressif de la famille, qui ne vient plus les voir…pour ne pas voir ce qui se passe là-haut. Mais toujours, quand même, une fois par mois, un dimanche passé chez ses parents à elle, comme un refuge où elle est à l’abri des coups. Une échappée vers un ailleurs possible ?
Les phrases s’enchaînent au fur et à mesure des pensées et des souvenirs, c’est précis, juste, fébrile aussi car la peur est là, peur pour elle, peur pour ses enfants…
Cette première partie du récit m’a saisie, je l’ai lue comme en apnée, tant la tension est grande.
La suite donne la parole au mari puis à la fille aînée, pour analyser en quelque sorte les ressorts de ce mariage raté puis entériner le naufrage familial, l’enfance blessée.
Des trois points de vue, c’est bien celui de la mère, poignant, qui a suscité en moi le plus d’émotions et qui me restera longtemps en mémoire.
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"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux" Jules Renard
Liseron- Messages : 4115
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Localisation : Toulouse
Re: Marie-Hélène Lafon
Ça a l'air intense comme roman.
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Et, du monde indistinct des rêves, là où se terrent les secrets mystiques, une réponse surgit.
Queenie- Messages : 6985
Date d'inscription : 29/11/2016
Localisation : Stable.
Re: Marie-Hélène Lafon
Cézanne : Des toits rouges sur la mer bleue
Marie-Hélène Lafon nous parle de Cézanne, un Cézanne personnel, celui qu’elle perçoit et qui la touche. Elle revendique d’une certaine manière sa subjectivité, il ne s’agit pas d’une véritable biographie, même si elle nous fournit un certain nombre d’éléments de la vie du peintre. Il ne s’agit pas non plus d’un essai, objectif, analytique. L’auteure évoque ses rencontres avec Cézanne et son univers, sa peinture, les lieux de sa vie. Et elle les fait alterner avec des sortes de monologues intérieures de proches, ou des gens qui Cézanne a côtoyé, qui livrent leur tableau du personnage, là aussi subjectif, qui dit autant voir plus sur eux-mêmes que sur le célèbre peintre qui a traversé leur vie. C’est donc un étrange objet, surtout littéraire. Marie-Hélène Lafon nous parle plus d’une vision personnelle, de sa lecture intime de l’oeuvre et de l’homme. A une certaine distance : à aucun moment elle ne fait parler Cézanne lui-même. Comme si la rencontre ne pouvait pas véritablement se faire, il restera au final mystérieux, en partie insaisissable. Malgré un vrai travail de recherche, documenté, elle reste et nous laisse avec des interrogations, des hypothèses possibles. Des ressentis.
C’est un livre très authentique et honnête, l’auteure nous confie sa démarche, sans essayer de nous convaincre qu’elle possède une vérité sur le peintre qu’elle admire. Les monologues des personnages sont des véritables morceaux d’anthologie, esquissant en quelques pages des personnalités, des vies entières, saisis dans quelque chose d’essentiel, avec une grande économie de moyens, sans pour autant abandonner l’émotion. Tout cela dans une magnifique écriture, dans un rythme assez envoûtant. La succession des passages à la premières personnes où l’auteur s’exprime pour son compte, et des pages consacrées aux proches de Cézanne, à la troisième personne, qui marque la distance de la fiction, crée une diversité de points de vues très riche.
Un beau livre.
Marie-Hélène Lafon nous parle de Cézanne, un Cézanne personnel, celui qu’elle perçoit et qui la touche. Elle revendique d’une certaine manière sa subjectivité, il ne s’agit pas d’une véritable biographie, même si elle nous fournit un certain nombre d’éléments de la vie du peintre. Il ne s’agit pas non plus d’un essai, objectif, analytique. L’auteure évoque ses rencontres avec Cézanne et son univers, sa peinture, les lieux de sa vie. Et elle les fait alterner avec des sortes de monologues intérieures de proches, ou des gens qui Cézanne a côtoyé, qui livrent leur tableau du personnage, là aussi subjectif, qui dit autant voir plus sur eux-mêmes que sur le célèbre peintre qui a traversé leur vie. C’est donc un étrange objet, surtout littéraire. Marie-Hélène Lafon nous parle plus d’une vision personnelle, de sa lecture intime de l’oeuvre et de l’homme. A une certaine distance : à aucun moment elle ne fait parler Cézanne lui-même. Comme si la rencontre ne pouvait pas véritablement se faire, il restera au final mystérieux, en partie insaisissable. Malgré un vrai travail de recherche, documenté, elle reste et nous laisse avec des interrogations, des hypothèses possibles. Des ressentis.
C’est un livre très authentique et honnête, l’auteure nous confie sa démarche, sans essayer de nous convaincre qu’elle possède une vérité sur le peintre qu’elle admire. Les monologues des personnages sont des véritables morceaux d’anthologie, esquissant en quelques pages des personnalités, des vies entières, saisis dans quelque chose d’essentiel, avec une grande économie de moyens, sans pour autant abandonner l’émotion. Tout cela dans une magnifique écriture, dans un rythme assez envoûtant. La succession des passages à la premières personnes où l’auteur s’exprime pour son compte, et des pages consacrées aux proches de Cézanne, à la troisième personne, qui marque la distance de la fiction, crée une diversité de points de vues très riche.
Un beau livre.
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Arabella- Messages : 4791
Date d'inscription : 29/11/2016
Re: Marie-Hélène Lafon
J'avais hésité pour ce bouquin de Marie-Hélène Lafon.
Merci pour ce commentaire.
Merci pour ce commentaire.
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Lire nuit gravement à la bêtise !
Nightingale- Messages : 2690
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